La performance consiste au tissage d’une toile multicolore de laine entre deux piliers humains au travers d’une rue piétonne de Lausanne. Elle a eu lieu Rue Saint-François, le mercredi 2 décembre 2009 de 14 à 15 heures. Nous étions cinq acteurs: deux piliers, deux tisseurs et un caméraman. Le but de cet évènement est de questionner notre rapport à l’inconnu. Nous proposions donc aux passants un obstacle ,une barrière. L’aspect coloré et doux de la laine allège l’interdiction supposée du passage. L’idée est de créer des réactions, de modifier les trajectoires quotidiennes. Le manifeste est donc d’imposer une expérience physique et mentale pour produire une perturbation du banal. Je m’attendais à des actes inattendus comme des passages héroïques, des coups de ciseaux, des discussions sur la violence d’un tel acte mais pas violemment, ou d’autres réactions qui me surprendraient. Observer la réaction des gens a été très enrichissant car malgré quelques personnes ravies et quelqu’autres très en colère voir violents, la majorité obéit à un principe d’ignorance: « Je passe, ne me pose aucune question, c’est comme ça, tout est comme ça finalement et on ne peut rien y faire ». Cependant, ils étaient forcés de se confronter à cet inattendu, forcés de ressentir cette interdiction poétique. Je ne sais pas ce que chacun a senti. La documentation visuelle est loin de relater fidèlement l’engagement physique et émotionnel des passants et des acteurs. Cet expérience est essentiellement un acte et l’image ne suffit pas. Au final l’aspect formel (la toile) était très beau par les couleurs et l’anarchie qu’il contenait.